mercredi 26 novembre 2014

Aristote et Phyllis


Corollaire du fantasme sexuel de la femme dessus, naît, dans le milieu des Troubadours un mythe érotique original qui renverse une des figures les plus claires de l’auctoritas médiévale.
Composé par un chanteur Normand du XIIIe siècle, Henri d’Adeli, le Lai d’Aristote raconte comment le tuteur d’Alexandre le Grand, tente de séparer le jeune roi de son amoureuse Phyllis, qui le fait négliger ses devoirs politiques. Phyllis, au faîte de cette offensive, prépare un stratagème pour la contrecarrer.
Tandis que le philosophe médite laborieusement dans son étude elle danse et chante, dénudée, dans le jardin adjacent. Aristote la perçoit et la veut aussitôt. Elle lui met comme condition de se prêter à un petit caprice : il doit être sa monture.
Le Philosophe par excellence, « le mâitre de la logique, la métaphysique et l’éthique », terrassé par le désir, y accède, jouant le rôle burlesque de coursier (métaphore déjà présente, on l’a vu, dans l’érotique romaine de la femme dessus).

Phyllis, le chevauchant, chante son triomphe.
« Et cele s’en est entremise
Tant qu’ele li met sor le dos.
Bien fait Amors d’un viel rados
Puis que Nature le semont
Quant tot le meillor clerc du mont
Fait comme roncin enseler
Et puis a quatre piez aller
Tot chatonant par sesor l’erbe.
Ci couvient essample et proverbe,
Sel savrai bien a point conter !
La damoiselle fait monter
Sor son dos, et puis si la porte.
La damoiselle se deporte
En lui chevauchier et deduit ;
Parmi le vergier le conduit,
Si chante cler et a voiz plaine… »
(Henri d’Andeli, Le lai d’Aristote, texte publié par Maurice Delbouille, Paris, Les Belles Lettres, 1951, vers 445-460)
Lire la suite ici et une collection d'images de ce thème.



Platon et Aristote, de sacrés machos !

La philosophie est un domaine qui est toujours très rétif aux femmes. Les femmes philosophes sont très peu enseigné et les théoriciennes féministes sont totalement ignorés et méprisés par la discipline. La philosophie est une affaire d'hommes masculins. Ca se voit chez Raphaël et ca se voit dans n'importe quel manuel de philosophie qui ne mentionne que Anna Arendt dans le meilleur des cas. Il se trouve que les deux plus fameux philosophes fondateurs de la discipline étaient de grands misogyne. La philosophie c'est aussi ce qui irrigue la politique, et là aussi c'est un domaine dans lequel les femmes ne sont pas les bienvenues, ca se remarque même dans la décoration d’intérieur.


Quels sont les modèles féminins de l’Antiquité? La fameuse sagesse antique n’a rien de sage dans sa vision des femmes… Platon, dans la République, considère que « quoi qu’elles entreprennent, elles le feront moins bien que les hommes ». Pour Aristote, l’infériorité des femmes est systématique sur tous les plans.
La femme, durant l’Antiquité, est globalement considérée comme d’une moindre qualité, comme un non-être, comme une lacune, une mutilation et une incomplétude. La femme est vue comme passive et comme inférieure par essence. Elle n’existe d’ailleurs que par opposition à l’homme, qui est l’étalon parfait, qui représente le moteur de la vie! Le mépris du féminin est global et n’est pas remis en cause, ni par les hommes, ni par les femmes.
« Avant l’apparition des femmes, le monde était parfait. » Lorsqu’elles apparaissent, les philosophes considèrent que commence la détresse humaine, associant le féminin au manque. Toute initiative des femmes est vue comme une entreprise de séduction, de sorcellerie. Le statut d’épouse confine les femmes à une passivité totale et consentante, à un renoncement complet de toute autonomie. Une épouse renonce à tout ce qui pourrait lui appartenir en propre. Une femme vit et n’existe qu’à l’intérieur de sa maison, et encore une partie de la maison, appelée ‘gynécée’, où elles filent et tissent, élevant les enfants. Par ailleurs, les femmes représentées dans les oeuvres d’art antiques sont dans des situations où elles provoquent ou satisfont le désir de leur partenaire masculin… Le paradoxe absolu d’un Athénien, ce sont les Amazones, ces femmes guerrières, qui vivent entre elles et qui refusent tout contact avec les hommes, une sorte de monde à l’envers! Que les femmes soient épouses ou Amazones, elles sont à chaque fois données en spectacle comme un objet aux yeux de l’homme grec, le sujet regardant.
Etre femme dans le monde antique, c’est mener l’existence d’une éternelle soumise: dès les premiers jours de sa vie, la petite fille subit l’autorité de son père. Devenue jeune mariée, elle quitte le foyer familial. Elle ne se libère de la domination paternelle que pour accepter celle de son mari. Tout au long de son existence, une femme doit tolérer la présence d’un homme au-dessus d’elle, qu’il soit son père, son mari, son oncle ou son frère.

lire la suite ici

La "légende noire"

En écoutant le graduel d'Aliénor d'Aquitaine que j'adore


J'ai eu l'idée d'aller voire sa biographie sur wikipédia.
Postérité :
Une « légende noire » s'est tout d'abord constituée autour d'Aliénor d'Aquitaine avant sa réhabilitation par les historiens. Ce personnage historique hors norme a inspiré de nombreuses fictions, notamment romanesques.


ce genre de légendes noire arrive a beaucoup de femmes historiques. Je pense par exemple à Marguerite de Valois, comme l'explique Eliane Viennot à la 21:22 de la conférence ci dessous



Conférence d'Eliane Viennot (9 mai 2009) par IEC-MNHN

 Il y a aussi Christine de Pizan bien sur, dont certaines œuvres furent attribuer à son fils et petit fils et qui au XIX était qualifié ainsi par un historien en vogue :

« Bonne fille, bonne épouse, bonne mère, au reste un des plus authentiques bas-bleus qu'il y ait eu dans notre littérature, la première de cette insupportable lignée de femmes auteurs.»
 voire ici pour plus de détails sur l'histoire de l’œuvre de Christine de Pizan.

Je pense aussi à Élisabeth Báthory pour qui la légende à été plus rouge que noir.
Olympe de Gouges a servie de modelè pour la psychiatrie du XIXeme comme "hystérique politique". La postérité est en fait une monstruosité pour les femmes, ca les transforme automatiquement en sorcières, en mégères, en mauvaises femmes.

La norme c'est l'oublie, comme l'indique la conclusion de la fiche wikipédia de Mathilde Laigle

Conclusion :
Malgré quelques articles et de nombreuses références à ses travaux, cette intellectuelle du début du siècle n'a pas encore de biographe.

3 - Christine de Pizan

Christine de Pizan n'a pas reçu toute l'éducation qu'elle aurait voulu, elle en parle dans La cité des dames :


"Ton pere estoit grammairien et philozophe n'estoit pas d'oppinion que femmes vaulsissent pis par sciences, ains de ce que encline te veoit aux lettres, si que tu sces, y prenoit grant plaisir. Mais l'oppinion de ta mere, qui te vouloit occuper de filasses, selon l'usage commun des femmes, fut cause de l'empeschement que ne fus, en ton enfance, plus avant boutée es sciences et plus parfont."

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Le portrait de Christine de Pizan est bientôt achevé. 


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Je découvre Mathilde Laigle qui est une des premières bachelière française et qui à étudié Christine de Pizan. Elle est aussi une des premières historienne des femmes. Mathilde Laigle mène une réflexion sur l'histoire des femmes qui tente de dépasser les visions féministes et anti-féministes. En 1888, quelques années avant le début de ses propres travaux, était paru le livre de William Minto (auteur d'une biographie de Daniel Defoe publiée en 1879 et d'un manuel de littérature anglaise, A Manual of English prose literature : biographical and critical designed mainly to show characteristics of style en 1872), Christine de Pisan, a medieval Champion of her Sex qui défendait l'idée que de Pisan était une des pionnières du féminisme. Mathilde Laigle a consacré un article pour le réfuter : « Le prétendu féminisme de Christine de Pisan ». Elle y développe deux idées, la première est que l'auteure de la Cité des dames s'oppose à l'antiféminisme de son époque : « Les revendications qu'elle propose par le respect de l'usage, la pratique, les devoirs, le culte de l'honneur, tels qu'une femme sensée et vertueuse les concevait au XVe siècle. Il semble que l'antiféministe le plus convaincu ne pourrait que gracieusement s'incliner devant le féminisme de Christine de Pisan ». La seconde idée est que Christine ne formule aucune des revendications que l'on pourrait à proprement appeler qualifier de « féministes » : « Le livre des Trois Vertus, tout attaché aux devoirs et non aux droits de la femme, ne porte aucune trace de ces timides protestations, et si Christine nourrissait quelques secrètes velléités de révolte contre le sort injuste réservé à ses sœurs, nous n'en savons rien. Elle n'en parle pas. La Cité des dames nous fournirait aussi bien son contingent d'idées anti-féministes. »
 source - wikipédia 


mardi 18 novembre 2014

5 - Phoolan Devi



  • Moi, Phoolan Devi, reine des bandits, autobiographie édité chez Fixot.



vendredi 14 novembre 2014

mardi 4 novembre 2014

3 - Christine de Pizan - Photo du jour



La tapisserie de l'Assemblée Nationale

Je ne m'était pas rendu compte que l'hémicycle de l'assemblée nationale française fait face à  une hideuse tapisserie représentant l'école d'athène.







Je trouve assez symptomatique que dans cette assemblée de machos incapable de dire président au féminin, on se réunisse face à cette tapisserie crouteuse de vieux philosophes esclavagistes. Je sais maintenant où devra être accroché mon école d'Athéna !

Voici ce que dit un guide de l'assemblée disponible ici en .pdf

Si l’Hémicycle a été agrandi au XIXe siècle, les colonnades, le bureau et le fauteuil du Président, ainsi que le bas-relief sur la tribune de l’orateur, ont gardé leur physionomie d’origine. Le bas-relief du sculpteur Lemot représente deux allégories : à gauche « l’Histoire » écrivant les hauts faits proclamés par « la Renommée » qui lui fait face.



Au centre, notez deux détails intéressants :
- tout d’abord, une représentation du Dieu Janus à deux têtes ; il regarde à la fois vers le passé (symbolisé par l’Histoire) et vers l’avenir (la Renommée) ;
- ensuite, les coqs, qui surmontent les deux enseignes militaires, étaient à l’origine des aigles impériaux, transformés par la suite pour faire plus républicains ! Sous ce bas-relief se trouvent les bureaux réservés aux fonctionnaires de l’Assemblée nationale qui réalisent le compte rendu de la Séance, publié ensuite au Journal Officiel.
Observez à présent la grande tapisserie centrale.


Tissée par la manufacture des Gobelins, elle représente L’École d’Athènes, célèbre fresque de Raphaël qui se trouve au Vatican. Cette scène évoque ainsi les origines grecques de la démocratie.
Les deux grandes statues qui encadrent cette tapisserie sont là pour donner une définition de la Démocratie française : assurer la Liberté (à gauche) dans le respect de l’Ordre Public (figurée à droite avec la lance). Au-dessus de la tribune de l’orateur se trouve le bureau du Président de l’Assemblée nationale qui conduit les débats.

1 - Olympe de Gouges - Annexes